20 Septembre 2016
Je suis heureuse de vous annoncer que le projet de potager bio est bien entamé aujourd’hui : il me tenait particulièrement à cœur !
Alors oui, parmi les projets réfléchis au cœur de mon bénévolat au Népal, il y a celui autour de la création d’un potager bio : cette idée a germé progressivement entre les dirigeants de l’école Victor Hugo Manjushree Vidhyapith, l’association Himalayan Sunrise et moi.
Me voilà donc propulsée « chef de projet » … Wahou ! un bien joli titre et j’ai d’ailleurs un enthousiasme énorme autour de ce sujet qui a pour but de réduire les frais d’achats en légumes et fruits pour l’école et apprendre aux élèves les notions de la culture biologique et saine, le respect de la nature et de l’environnement.
Grâce à l’action « Semences sans frontières » de l’association française Kokopelli qui a fourni gracieusement beaucoup de semences bio très diversifiées, grâce aussi à Himalayan Sunrise qui a débloqué des fonds pour les achats du matériel et les frais de main d’œuvre indispensables pour construire une grande serre solide, je suis ravie de vous présenter aujourd’hui la « Green House », un school project de l'école VHMaVi.
La magnifique serre réalisée (non sans mal quand même … je vous explique le parcours plus loin…) fait 18,5 m de longueur et entre 3,5 et 4 m de largeur. La structure solide est entièrement en bambous et toute l’armature est recouverte d’une bâche semi-transparente pour que messire Soleil puisse apporter sa précieuse lumière et ses bienfaits aux cultures. Je vous laisse imaginer à quel point on a hâte de goûter aux bons légumes et aux bons fruits, de plus tout bio : évidemment, que du bonheur ! Mais avant çà… de l’huile de coude, quelques péripéties, les caprices des moussons, les imprévus humains… tout un lot d’événements qui rendent l’aboutissement encore plus fabuleux !
Eh oui… rien que la construction de la serre a pris un mois et demi depuis mon arrivée le 3 juillet dernier jusqu’à la mi-août… ici, dans mon pays de cœur, il faut oublier la notion de temps ! seulement la zénitude vous sauve face à l’adversité. Et alors chaque jour, je me suis surprise à chanter ce mantra sacré « om… oomm… ooommm » pour lâcher prise et je me répétais inlassablement « tout va se mettre en place… j’y crois ! ». Et puis voilà, après avoir usé et abusé de la patience, après une gestation longue, longue, longue… pleine de sursauts et d’espérance, on a finalement abouti.
Allez, je vous raconte le chemin sinueux et quelques anecdotes croustillantes. Sachez aussi que j’avais l’aide précieuse du dirigeant de l’école, Pramod, que je vais appeler le « patron », qui gardait un œil vigilant sur mon parcours du combattant, venant à la rescousse chaque fois qu’il m’était impossible d’en venir à bout toute seule, surtout pour trouver les aides humaines indispensables. Bon, alors… çà commence par toute la partie administrative assez cool finalement comparativement à la suite : plans, budget, achats des matériels, etc.
Puis vient la recherche d’huile de coude pour défricher le terrain de l’école qui va accueillir la serre, pour évacuer l’eau stagnante des moussons. On trouve de l’huile de coude pour chaque besoin, première étape technique franchie. Ensuite, la main d’œuvre pour la construction de la serre : aïe ! Un challenge hors pair parce qu’en période de moussons les Népalais donnent la priorité à leurs champs… sans compter qu’il faut des personnes qualifiées pour ces montages ! Et bien sûr, comme trop simple c’est pas possible, l’érosion du sol et les problèmes de nivellement nous obligent à modifier les plans de la serre. Et voilà qu’on se retrouve finalement avec deux structures de serre à caser sous la même bâche. Evidemment, un problème résolu en appelle un autre ! Quand c’est pas le matériel, c’est l’humain. Ben oui, par exemple notre précieux maçon est victime d’un accident… on en trouve un autre qui au final abandonne ce qu’il a commencé et décide d’aller sur un autre chantier : il nous laisse tomber ! Grrrrr … nous voilà à nouveau bloqués, tout reste en stand by. Oh, joie éphémère ! Puis, débrouillardise en poche et soutien du patron, ouf ! on réussit à faire terminer les travaux de structure. Passons maintenant à la pose du plastique : on trouve des ouvriers ! ahahah super ! mais, allez savoir pourquoi, ils prennent la poudre d’escampette sans tambour ni trompette ! Naaan mais, c’est pas possible çà ! Je flanche ! Me revoilà face à un dilemme : toute seule, sans savoir comment fixer ce satané plastique. Pas de répit pour les nerfs, mais… reste toujours la zénitude. Les jours filent… Pourtant, un matin parmi les autres, comme si mon ange gardien soupçonnait une future démission totale ou une explosion nerveuse … je vois poindre à l’horizon deux personnes venues me donner le coup de main indispensable pour terminer de fixer le plastique : « hip, hip, hip, hourraaaah ! la serre est montée ! » J’y crois à peine… tant d’émotions juste pour une serre. Invraisemblable. Je confirme, le bonheur est bien sur le chemin chaque jour, il est tout simple, on le croise de temps à autre, au fil des désarrois, des joies, des aventures.
Enfin, après encore quelques efforts pour préparer la terre, la serre est prête pour accueillir les premiers plants… j’étais tellement emportée par mon élan et la joie de pouvoir mettre en culture les plantes déjà ensemencées que j’avais fini par oublier un paramètre essentiel pour la survie de mes chers bébés : l’eau… sans eau pas possible de voir grandir les plans bien sûr. Et voilà, je m’attèle encore à créer, grâce à l’aide de bénévoles et d’écoliers, une réserve d’eau avec la récupération des eaux de pluie : c’est bon, maintenant, tout est prêt.
Et je peux enfin commencer les plantations… sans outils de jardinage bien sûr. On ne trouve même pas un râteau dans les commerces népalais. Bon, en tout cas il était temps parce que les premières germinations commençaient à baisser la tête avec si peu de terre pour survivre. Voilà, la serre peut désormais accueillir les concombres, courgettes, courges, melons, pastèques, choux, haricots nains et rampants, tomates, piments, aubergines, petits pois, bettes... et d’autres vont suivre…
Ah la la ! rien qu’une fleur de courge, vous ne pouvez pas imaginer comment çà remonte le moral ! Eh oui, je crois bien que je pourrai savourer aussi des fruits et légumes de ce potager miraculeux puisque mon départ du Népal a été retardé au 18 novembre prochain… Ouf ! tant mieux ! j’ai vraiment envie de profiter aussi de la récolte.
Et puis maintenant que le calme s’est installé autour de la serre, j’ai commencé à intégrer les écoliers dans l’entretien des plantations avec pour l’instant le désherbage et l’arrosage.
En tout cas, voir pointer tout ce vert dans la serre - et le joli jaune d’une fleur - procure des sensations incroyables de satisfaction, du plaisir, du bien-être, de l’euphorie ! merci patron Pramod, merci les bénévoles, merci les écoliers, merci les amis… bientôt tous autour de la table pour apprécier nos délicieux produits bio mis en plats par notre adorable cuisinière ! Je sens qu’on va partager d’intenses moments de bonheur. Ah, le ventre ! y’a pas à dire… çà procure de la joie !
Je ne manquerai pas de partager avec vous la progression des cultures avec un joli reportage photos.
A bientôt, au fil de l’aventure. Bye !